La peinture était inexistante dans ma famille tout comme autrefois dans la vie culturelle des villes de Province avant que les musées ne soient dépoussiérés, réhabilités. Cependant, la bibliothèque paternelle contenait quelques livres magnifiquement illustrés : Les Fleurs du Mal, les Contes Licencieux de La Fontaine ou de Musset. A regarder plus qu’à lire…en cachette.

C’est vers les études de lettres  que je me suis tournée puis vers le professorat et la psychanalyse auxquelles elles peuvent mener, tout comme la philologie mène au crime (Ionesco).

La littérature, les lettres, c’étaient les mots. Vint s’y adjoindre l’image.

 Il m’a fallu du temps pour oser. Oser utiliser les pinceaux, oser les couleurs oser persévérer avec l’appui de ceux qui ont bien voulu m’enseigner quelque chose de leur art, les peintres Ben Ami Koller, Thibaut de Reimpré, Daniel Lacomme… puis Antonio Ros Blasco. Peindre donc, mais est-ce travail de peintre ou de psychanalyse que de chercher par grattages l’élément disparu, mettre en évidence l’enfoui, le non visible, le vestige, les reliefs de teintes passées, puis couvrir de nouveau avec le blanc rageur du silence et de l’oubli, avec le noir de la violence… « Peindre, c’est aimer à nouveau », Pour Henri Miller, peut-être. Pour moi cela a été chercher, découvrir, masquer, et dire et s’étonner.